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Le mal de dos, c’est dans la tête ?

Synthèse de la compréhension actuelle : le mal de dos est multifactoriel

Ai-je besoin d’une radiographie ou d’une IRM?

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Points clés

  • La douleur est toujours réelle.
  • Si l’on ne trouve pas de cause à la douleur, cela ne veut pas dire que la douleur est dans la tête
  • L’intensité de la douleur n’est pas associée à la gravité du mal de dos
  • Le système de la douleur peut devenir plus sensible avec le temps et amplifier l’intensité de la douleur ressentie
  • Le mal de dos est multifactoriel et ne peut être uniquement attribué à des facteurs mécaniques

Ces 20 dernières années, les progrès scientifiques ont permis de mieux comprendre la douleur. Contrairement à ce que l’on peut penser, une douleur ou une augmentation de celle-ci n’est pas forcément synonyme de blessure ou d’aggravation au niveau du dos.

La douleur est une sensation subjective, personnelle, qui est influencée par de nombreux facteurs comme la situation dans laquelle la douleur survient : les expériences douloureuses antérieures, l’humeur, les peurs, le niveau de stress, l’attitude face à cette douleur, et bien d’autres encore. Cela signifie que la douleur n’est pas un reflet exact de l’état de notre corps. On peut avoir des douleurs très fortes alors que la blessure est petite et vice-versa (1).

La douleur est un système de protection, elle agit comme un chien de garde pour nous protéger des dangers extérieurs (1). Lorsque nous posons notre main sur une plaque chaude par exemple, un message informe le cerveau de ce qu’il se passe. Ce dernier va évaluer le niveau de danger que cela représente et décider de déclencher ou non le système de protection et donc la douleur (1). C’est ce mécanisme qui nous permet de retirer notre main de la plaque avant d’avoir une grosse brûlure. Dès lors, le rôle de la douleur est de modifier notre comportement, afin de nous protéger et de permettre à notre corps de guérir.

Si l’on pense à un problème douloureux récent au niveau du dos (souvent appelé lumbago, lombalgie), celui-ci va sans aucun doute modifier notre comportement. Nous allons éviter certains mouvements et certaines activités, et cela va permettre à notre dos de guérir. Normalement, la douleur s’atténue petit à petit jusqu’à disparaître. Mais certaines fois, ce système de protection peut devenir trop sensible, et va continuer à envoyer des messages de protection (douleur), alors que le corps n’a plus besoin de cette protection. La personne va alors continuer d’avoir mal, bien que la lésion de départ ait disparu.

Les recherches en neurosciences ont permis de mettre en lumière un certain nombre de raisons qui expliquent pourquoi ce système de protection peut devenir trop sensible. Par exemple, on sait que le système nerveux se modifie avec les expériences, c’est ce qu’on appelle la neuroplasticité. Donc, plus on a mal longtemps, plus le système nerveux « apprend » et plus il devient sensible : on parle de mémoire de la douleur. Nous pouvons comparer cela à l’expérience de conditionnement du chien de Pavlov. Le chien entendait une cloche à chaque fois qu’on lui présentait de la nourriture. La nourriture le faisait saliver. Avec le temps, la cloche faisait saliver le chien, même sans nourriture. Concernant le mal de dos, le système nerveux va donc « apprendre » que certaines situations ou mouvements provoquent des crispations et des douleurs, et petit à petit, la survenue de ces situations va suffire à provoquer des douleurs alors que le dos n’est plus blessé.

Ces réactions du corps sont tout à fait inconscientes, et la douleur perçue par la personne est bien réelle. En effet, l’augmentation de la sensibilité du système nerveux () a été objectivée au niveau de la moelle épinière et du cerveau de personnes souffrant de douleurs de dos depuis longtemps (2). Même si ces douleurs ne reflètent plus l’état du dos, elles sont bien réelles ! Dans ces situations, il est important de prendre le problème de dos par le bon bout, c’est-à-dire de désensibiliser le système nerveux, et non pas de traiter le dos comme s’il était encore blessé (lien vers chapitre)

Une augmentation de douleur n’est pas forcément synonyme d’aggravation de blessure au niveau du dos.

La douleur est multifactorielle

L’origine de cette douleur est multifactorielle. Le système nerveux peut devenir de plus en plus sensible en cas de douleurs chroniques. Cette sensibilité peut être influencée par de nombreux facteurs comme une situation de stress, un manque de sommeil, un refroidissement, un choc émotionnel. Leur cumul augmente la sensibilité et donc l’intensité de douleur perçue (3, 4). Le corps réagit un peu comme un verre d’eau qui se remplit et qui déborde : quand il se sent surchargé, le corps fait mal.

L’inquiétude, l’incompréhension et la peur d’avoir quelque chose de grave au niveau du dos sont aussi des facteurs qui vont influencer notre système de protection. Cette relation entre des aspects physiques et émotionnels est importante pour comprendre le mal de dos. Qui n’est pas tombé malade le premier jour des vacances, après une période professionnelle stressante ? Qui mettrait en doute le rôle du stress dans les maladies cardio-vasculaires, par exemple dans le cas d’un infarctus ? Ces exemples montrent bien l’interaction entre des facteurs psychologiques et des réactions physiologiques du corps humain.

En résumé, la douleur est influencée par une multitude de facteurs, et pas uniquement mécaniques (activités, mouvements, postures, …). De plus, une augmentation de la douleur n’est pas, dans la majorité des situations, synonyme d’aggravation de l’état du dos. Cela signifie qu’il est autorisé de bouger et reprendre des activités, malgré des douleurs modérées, car cela ne va pas aggraver la situation du dos. De plus, cela permet de se rassurer sur le mal de dos et devrait offrir des pistes de soulagement et un plaisir retrouvé à faire des activités.

Bibliographie
  1. Moseley, G.L. (2007). Reconceptualising pain according to modern pain science. Physical Therpay Reviews, 12(3), 169-178. Repéré à https://www.researchgate.net/
  1. Wand, B., Parkitny, L., O’Connell, N. E., Luomajoki, H., McAuley, J. H., Thacker, M., & Moseley, G. L. (2011). Cortical changes in chronic low back pain: current state of the art and implications for clinical practice. Manual therapy, 16(1), 15‑20. doi :10.1016/j.math.2010.06.008        
  1. Cedraschi, C. (2011). Quels facteurs psychologiques faut-il identifier dans la prise en charge des patients souffrant de lombalgies ? Qu’en est-il de l’anxiété et de la dépression ? Quelles peurs et quelles représentations constituent-elles des écueils ? Revue du rhumatisme, 78(2), 70-74. doi: 10.1016/S1169-8330(11)70014-X
  1. Linton, S.J., & Shaw, W.S. (2011). Impact of psychological factors in the experience of pain. Physical Therapy, 91(5), 700-711. doi:10.2522/ptj.20100330